Au lendemain de la prise de Kaboul par les Taliban, les critiques étaient vives contre le président des États-Unis. Muet depuis samedi, ce dernier a pris la parole lundi soir, défendant de nouveau fermement la décision du retrait des troupes américaines d’Afghanistan.
« Je défends fermement » la décision du retrait américain d’Afghanistan, a affirmé Joe Biden lundi 16 août, lors d’une allocution télévisée, sa première prise de parole depuis la prise de pouvoir des Taliban en Afghanistan.
« Après vingt ans, j’ai appris à contre-cœur qu’il n’y avait jamais de bon moment pour retirer les forces américaines », a affirmé le président américain. « La vérité est que tout cela s’est déroulé plus rapidement que nous ne l’avions prévu », a-t-il toutefois concédé depuis la Maison Blanche.
« Notre mission en Afghanistan n’a jamais été de construire une nation », s’est-il encore justifié. « Elle n’a jamais été de créer une démocratie unifiée centralisée », a poursuivi le président américain, en précisant que l’objectif unique « rest[ait] aujourd’hui et a[vait] toujours été d’empêcher une attaque terroriste sur le sol américain ».
« Nous leur avons donné toutes les options »
Le président américain a par ailleurs estimé que les États-Unis avaient donné à l’armée afghane « toutes les options » possibles pour combattre les Taliban. « Nous leur avons donné toutes les options pour déterminer leur propre avenir », a-t-il déclaré, ajoutant que « les forces américaines ne peuvent pas, et ne devraient pas, mener une guerre et mourir d’une guerre que les forces afghanes n’ont pas la volonté de combattre pour eux-mêmes ».
Face au chaos régnant, le locataire de la Maison Blanche a toutefois menacé les Taliban de représailles si ces derniers venaient à perturber les opérations d’évacuation en cours à l’aéroport de Kaboul.
En cas d’attaque, la réponse sera « rapide et puissante », a-t-il assuré, promettant de défendre les ressortissants américains avec un usage « dévastateur de la force si nécessaire ».
Les États-Unis continueront de s’engager pour les « femmes et les jeunes filles » d’Afghanistan a-t-il également promis.
Sitôt son allocution achevée, il a repris le chemin de Camp David, le lieu de villégiature des présidents américains situé non loin de la capitale fédérale.
Joe Biden sous le feu des critiques
La crise afghane est le premier gros revers pour Joe Biden depuis son élection. L’offensive éclair des Taliban en Afghanistan, jusqu’à leur prise de pouvoir dimanche 15 août, a pris de cours le président américain. Lui qui assurait encore vendredi que « Kaboul n’est pas, à l’heure actuelle, face à une menace imminente », se voit aujourd’hui contraint d’organiser une évacuation d’urgence de ses ressortissants. Alors que les images du chaos à l’aéroport de Kaboul se multiplient, lundi 16 août, le Président fait face à une vague de critique jamais vue depuis son élection.
Tous les médias américains, y compris ceux qui avaient accueilli avec soulagement son élection, parlaient aujourd’hui de « désastre » ou d’un Joe Biden « sur la défensive » (selon le Washington Post). « Que l’on trouve cela juste ou injuste, l’histoire retiendra que Joe Biden est celui qui a présidé à la conclusion humiliante de l’expérience américaine en Afghanistan [après vingt années de guerre] », assènait « le New York Times ».
Face à cette vague de critiques jamais vues depuis l’élection, la Maison Blanche de Joe Biden, cette machine bien huilée, semblait tétanisée.
En témoignaient les tweets diffusés pendant le week-end, alors que l’Amérique suivait heure par heure la chute de Kaboul, et que l’image des hélicoptères quittant l’ambassade rappelait les dernières images de la guerre du Vietnam.
Sur un cliché diffusé dimanche sur Twitter : Joe Biden seul assis à une immense table de réunion de Camp David. En polo bleu foncé, face à un écran de visioconférence et à plusieurs horloges murales réglées sur divers fuseaux horaires, recevant « des mises à jour » sur l’Afghanistan de la part de hauts responsables