Les cercueils, les cortèges et les familles en deuil semblent à deux doigts d’être séparés les uns des autres dans le gigantesque embouteillage qui se constitue, dès le matin, devant le cimetière de Westpark, à Johannesburg. C’est l’une des images, désormais, de la troisième vague de Covid-19 qui frappe l’Afrique du Sud. Depuis le mois de juin, les courbes sont devenues folles, que ce soient celles de l’augmentation du nombre de cas et de décès ou celle du taux d’occupation des lits d’hôpitaux, avec la crainte d’être totalement débordé alors que le nombre de malades recensés depuis le début de la pandémie a dépassé la barre des 2 millions.
A Westpark, derrière l’apparence de chaos, il règne une discipline dans tout ce malheur ambiant. Devant l’arche de granit qui marque l’entrée du cimetière, l’un des plus grands de la capitale économique sud-africaine, les convois funéraires se frôlent, s’emmêlent dans le vent de poussière d’un dimanche d’hiver austral froid et sec.
Chacun de ces convois, cependant, est organisé selon des règles strictes. Ordre de passage, pas plus de cinquante personnes autorisées à pénétrer dans l’immense étendue arborée où des tombes fraîches s’ouvrent en lignes. Toutes les personnes assistant aux enterrements ont été recensées à l’avance, installées dans les véhicules qui se suivent, pare-chocs contre pare-chocs, afin de ne laisser aucun interstice aux autres enterrements dont les familles éplorées suivent leur propre corbillard.
L’armée en renfort
Les compagnies funéraires, de plus en plus, organisent de fastueux cortèges, parfois avec limousines. C’est leur âge d’or. Près des tombes, elles plantent de grandes tentes à leurs couleurs, jouent de la musique qui couvre les chants des voisins. Il y a du Wi-Fi pour les retransmissions en direct. Leurs longues bannières claquent dans le vent, comme à l’entrée de concessions automobiles. On retrouve les publicités des organisateurs partout, jusque sur les plaques tombales temporaires…